Un petit tour dans le parc de
l'hôtel Eden Roc au cap d'Antibes

Where do stars sleep when they come to the Cannes festival?

"Chaque vedette a ses habitudes en ce qui concerne les hôtels, y compris dans le choix de la chambre", explique Paulette Blondin, qui gère le service hébergement du festival depuis 30 ans. Elle connaît toutes les habitudes:
"Luc Besson sera au Carlton, Takeshi Kitano veut loger au calme, à l'extérieur de Cannes, Ken Loach opte pour le Savoy, le moins "pompeux" des palaces cannois. Et Agnès Varda aime avoir vue sur la mer au Grand Hôtel."
Les stars américaines, comme George Clooney, ne veulent dormir qu'à l'Eden Roc, au Cap d'Antibes. Gardé comme une forteresse, à 20 km de Cannes, ce palace leur permet de s'isoler du brouhaha cannois. C'est aussi le plus cher (6500 francs la nuit, compter le double ou le triple pour une suite potable, et prière de s'assurer que l'on est muni de liquidités, la maison n'acceptant aucune autre forme de paiement). Mais comme il ne fait pas partie des hôtels avec lesquels le Festival a un accord, c'est au producteur de payer la différence..."

Rudolph Valentino, Marc Chagall, Marlene Dietrich, Gary Cooper, the Kennedy, Sophia Loren, Jane Fonda, Alain Delon, Anthony Quinn, Sylvester Stallone, Madonna and Johnny Depp and so many other famous people have been sleeping in this palace...
Francis Scott Fitzgerald and his wife Zelda have been staying there in 1924, 1925 and 1926, and the writer describes the place in Tender is the Night

.

L'hôtel Eden Roc se situe à l'emplacement du numéro 7 de la carte, au sud-ouest du cap.
(source carte: Guide Alpes-Maritimes, Gallimard)


L'entrée m'intriguait parce qu'elle est double et qu'il y a deux panneaux, chacune avec un nom différent: "Hôtel du Cap" et "Eden Roc Restaurant".
La différence d'appellation est tout de même compensée par la similitude de présentation des deux pancartes.

La façade présente deux retours d'angle, formant ainsi un plan en "U". Un pavillon central est mis en valeur par son avant-corps et sa toiture plus haute, comme dans les châteaux français du XVIIème siècle. La quasi absence de recours aux ordres (excepté un portique d'entrée, les façades sont nues, sans colonnes ou pilastres ou frontons), les petites lucarnes à encadrements curvilignes discrets rappellent plutôt le XVIIIème siècle. Cependant on est loin des rapports de proportions du classicisme, et la complexité peu esthétique des volumes, ainsi que des détails comme les proportions des fenêtres, signent une demeure Napoléon III, mais sans grand style.
Il s'agit de la façade que l'on voit de la rue, c'est l'équivalent du "côté cour" des châteaux et hôtels particuliers.


L'autre entrée, celle qui mène au restaurant Eden Roc (voir la première photo), nous a permis de contourner l'hôtel par le parc. Et nous voilà devant l'autre façade, "côté jardin", ici nous pouvons dire aussi "côté mer". Le bâtiment n'a rien de très somptueux ou de très élégant. Il ne saurait rivaliser avec les grands hôtels construits à la même époque pour l'aristocratie à Nice ou à Cannes.
En fait, la vocation initiale de cet édifice, né en 1865 sous l'égide d'Hyppolite de Villemessant, fondateur et directeur du Figaro et d'Adolphe d'Ennery, l'auteur des Deux Orphelines, était d'offrir un havre aux artistes, écrivains et journalistes convalescents. Ce n'était donc alors pas exactement un hôtel, mais simplement la "Villa Soleil".
Après la guerre franco-prussienne de 1870 et trois vaines tentatives pour les exploiter en hôtel, les lieux sont restés à l'abandon. Stephen Liégeard (l'écrivain qui a laissé à la postérité l'invention de l'expression la Côte d'Azur, titre de son ouvrage paru en 1887), s'interessa aux lieux qu'il compara au "château de la Belle au bois dormant" et emit le voeu que se présente celui qui saurait "redonner une âme à ce cadavre de pierre".
Ce sauveur devait être Antoine Sella, un hôtelier qui avec une foi inébranlable et une indomptable ténacité, réussit à attirer la clientèle capable d'assurer le succès du lieu:
les hommes de lettres et les amateurs d'art arrivèrent les premiers; les souverains et les princes d'Europe ensuite, pour lesquels un nouveau bâtiment fut érigé, le restaurant Eden Roc (dont le nom sera désormais bien souvent utilisé pour désigner l'établissement hôtelier dans son ensemble, d'où réponse à mon interrogation initiale) en 1914; et enfin, après 1918, les Américains suivirent ce nouveau courant et découvrirent un coin de paradis...qu'ils n'ont plus jamais quitté.
Les incomparables beautés du Cap d'Antibes, à l'époque ignorées de tous, hormis des habitants, étaient alors dévoilées à la "gentry" et nombreux étaient les milliardaires qui faisaient l'acquisition de terrains pour y faire construire des châteaux ou des villas.

Nous n'oserons pas nous aventurer plus avant...
"L'esprit et l'art de vivre de l'hôtel du Cap -c'est le mot d'ordre- doivent demeurer conviviaux; ici l'obséquiosité n'est pas de mise. En revanche, l'accueil et le sourire sont de rigueur et le mot service prend tout son sens avec une permanente courtoisie, le tout dans une grande discrétion.
Car il ne faut pas oublier que ce sont les clients qui font le spectacle..."

(Jean-Claude Irondelle, responsable de l'hôtel depuis 1994)
Le spectacle de cette nouvelle noblesse inventée par le XXème siècle, les stars, dans ce rapport luxueux à la nature, voilà sans doute la raison pour laquelle vous ne trouverez aucun poste de télévision dans votre chambre ou dans votre suite à Eden Roc. Quel besoin en auriez-vous? Vous ne venez pas dans un lieu semblable pour vous adonner à une activité aussi...


Le bâtiment de style néo-provençal construit en 1914 surplombe les flôts et abrite le restaurant Eden Roc. Ce nom évocateur sevira désormais souvent à désigner l'hôtel tout entier, alors même que son nom est en fait l'hôtel du Cap. Eden Roc n'est donc que le nom du restaurant balnéaire dépendant de l'hôtel du Cap.


La terrasse où bronzent les résidents en domine d'autres, ici invisibles, qui dégringolent vers le rivage, et l'une d'entre elles est creusée d'une piscine.


C'est le restaurant Eden Roc que l'on voit en haut à droite. La piscine est d'eau de mer.


Les deux dernières photos ci-dessus sont issues du site web de l'hôtel Edenroc

Sources:

  • guide Alpes-Maritimes Gallimard
  • article de Claude Dronsart, Nice Matin, 11-Août-94
  • dossier de Sophie Benamon, Studio magazine, Mai 2000

Sauf mentions particulières, toutes les photos ont été réalisées
par l'auteur de cette page, le 22 Avril 2000.

Voir aussi: