LA FERME À COUR
CENTRALE
Aux
concepts de la maison longue et de la maison profonde regroupant en un
seul bloc et sous un même toit toutes les fonctions de la ferme, s'oppose
le concept de la ferme aux fonctions disjointes réparties autour d'une
cour centrale. A l'intérieur de cette catégorie, on distingue
traditionnellement la ferme à cour fermée de celle à cour
ouverte.
La ferme à cour fermée. Elle était le centre
d'un domaine foncier exploité en faire-valoir direct ou indirect par un
"maître" dirigeant et surveillant un nombreux personnel. Si avant le 18e
siècle, cet espace clos, d'origine nobiliaire ou ecclésiastique,
avait pu obéir à des impératifs de sécurité et de défense, par la
suite il n'a plus répondu qu'à la nécessité de se protéger des éléments
atmosphériques ou des regards, tout en restant synonyme de puissance
économique et de prestige social. Dans sa configuration la plus
typée, la ferme à cour fermée est une cour bordée, sur ses quatre côtés,
de bâtiments ou de murs, avec pour seul accès une porte cochère
monumentale accotée d'une porte piétonnière. Le corps de logis est du
côté opposé à l'entrée, les étables et écuries occupent les côtés qui lui
sont perpendiculaires, tandis que la grange est du côté où s'ouvre
l'entrée de la cour. Elle est répandue dans les régions céréalières
s'étendant au nord de la Loire jusqu'à la frontière belge (Beauce,
région parisienne, Champagne pouilleuse, Picardie, Flandre wallonne). En
dehors de la France du Nord, elle ne se rencontre qu'individuellement ou
par petits groupes isolés.
Les régions
de France où on rencontre majoritairement des fermes dissociées à cour
fermée sont la
Flandre, la Picardie, la Champagne, l'Artois, l'Alsace, la Plaine de Caen.
La ferme à cour ouverte. Par opposition à la ferme à
cour fermée, elle a ses bâtiments non pas jointifs mais séparés les uns
des autres par des intervalles ouverts. Cette disposition est
caractéristique des grandes fermes où l'élevage occupe une place
importante : les intervalles facilitent le passage du bétail.
L'origine de ce type de ferme est à chercher dans le développement d'une
exploitation agricole à partir d'une maison, "longère", "salle haute" ou
autre. L'aire d'extension de la ferme à cour ouverte va de la
Flandre occidentale à la Vendée, couvrant tous les pays de l'Ouest
(Normandie, Bretagne, Maine, Anjou); elle barre transversalement la
France du Poitou au Charolais. Ailleurs, le type ne se présente
plus qu'en îlots. Poussé à l'extrême, le type donne la ferme du pays de
Caux (haute Normandie), avec ses bâtiments dispersés au milieu d'un espace
mi-pelouse mi-verger (la "masure") et entourée sur ses quatre côtés d'une
levée de terre plantée de grands arbres et percée de plusieurs barrières.
Ou encore la ferme des Landes, avec ses bâtiments disséminés à la surface
d'une pelouse plantée de chênes (l' "airial") et dépourvue de clôtures et
de haies.
Les
régions où sont majoritaires les fermes dissociées à cour ouverte sont la
Sologne, le Berry, le Poitou, les Landes.
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