LA MAISON PROFONDE
À NEF ET BAS-CÔTÉS
C'est une maison à
développement en profondeur (c'est-à-dire perpendiculairement à l'axe
de la faîtière) dont l'ossature interne - une charpente à couples
de poteaux portant ferme - délimite une nef encadrée de deux bas-côtés
ou, plus rarement, d'un seul. Elle regroupe, sous un même toit, les
fonctions d'habitation et d'exploitation, abritant à la fois humains,
cheptel, matériel et réserves. Cette promiscuité relève d'une
conception totalement opposée à celle de la ferme aux bâtiments ordonnés
autour d'une cour centrale.
Les maisons à nef
et bas-côtés sont en fait des maisons construites pour des
métayers, à l'origine par des seigneurs nobiliaires ou
ecclésiastiques, ultérieurement par la bourgeoisie de robe ou marchande.
Les témoins les plus anciens remontent au 17e siècle et les plus tardifs
au 19e. Certaines maisons de ce type ont d'abord été des granges à nef et
bas-côtés relevant de domaines d'Ancien Régime, dans lesquelles un logis
en dur a été aménagé au 19e siècle.
Le type se
rencontre en assez grand nombre dans les Landes, le Pays Basque, en
nombre moins élevé dans l'Agenais, la Charente, le bas Quercy, la
Lorraine. Quelques témoins sont présents en Bourgogne, en Champagne,
dans le Berry, en Périgord.
Dans ces maisons,
la division fonctionnelle épouse généralement la division constructive de
la charpente, ainsi dans certains spécimens basques du 17e siècle, où des
refends longitudinaux, perpendiculaires au pignon-façade et joignant les
poteaux, délimitent une nef centrale à usage de remise, d'aire à battre,
de vestibule (l'"eskaratza", c'est-à-dire le "carré"), et deux
collatéraux, l'un pour l'habitation des humains, l'autre pour les locaux
d'exploitation, le tout sous un vaste fenil-grenier. Le seul élément
transversal est un cellier ou une étable ajoutée à l'arrière du
bâtiment.
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