Le
monastère
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Un monastère
forme une communauté isolée, dirigée
par un abbé, élu à vie. Il est secondépar
un prieur. La règle bénédictine, qui
inspire la plupart des communautés monastiques est
fondée sur la prière et le travail (ora et
labora). En réalité, notamment lorsque les
moines sont d'origine noble, le travail apparaît comme
dégradant. Les tâches les plus difficiles sont
donc confiées à des frères convers ou àdes
domestiques, les moines se réservant les tâches
plus spirituelles, comme la copie ou l'enluminure.
Saint Martin du Canigou (Pyrénées-Orientales)
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Les moines commencent
leur vie dans le monastère comme postulants. Ils deviennent
novices au bout d'un an, avant de prononcer les voeux d'obéissance,
de pauvreté et de chasteté qui les engagent
définitivement. Ils sont alors profés.
Certains moines
ont un rôle particulier. Hormis l'abbé et le
prieur déjà évoqués, on trouve
le circateur : surveillant devant sanctionner tout relâchement.
Le chantre : responsable de la bibliothèque et du scriptorium.
Le cellerier, qui veille sur l'approvisionnement de la communauté.
Le réfectorier, qui s'occupe de la cuisine et du réfectoire.
Le prévôt, qui gère les relations avec
l'extérieur. Le sacristain, qui veille sur l'église,
l'hôtellier et l'aumônier qui veillent respectivement
sur les pélerins àcheval et à pied.
Le camérier, responsable du linge. L'infirmier, etun
portier.
Les frères
convers sont des membres non-clercs d'une communauté
religieuse. Ils ne chantent pas au choeur et sont chargés
du service domestique de la communauté monastique,
notamment des travaux les plus pénibles (agriculture).
Ils doivent suivre le type de vie des moines (chasteté
et jeûne). Ils n'ont pas voix au chapitre, c'est-à-dire
qu'ils n'ont pas à donner leur avis sur les décisions
administratives. Tout en devant assiter à un certain
nombre d'offices, les convers n'ont pas la même instruction
que les moines et n'ont pas les mêmes obligations spirituelles
(leur emploi du temps ne laissant pas autant de place à
la méditation).
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Chaque
monastère a bien entendu son plan propre. Néanmoins
il est possible de définir un plan type. |
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1
- L'abbatiale
2 - Le cloître
3 - La sacristie
4 - La salle capitulaire
5 - Le chauffoir
6 - Le réfectoire
7 - La cuisine
8 - Le réfectoire des convers
9 - Le lavabo |
10
- Le jubé
11 - La salle des moines & scriptorium
12 - Le cellier
Le
dessin du plan est extrait du n°229 des Dossiers de l'archéologie
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L'espace central
d'une abbaye est son cloître (lat. claustrum)
autour duquel s'agencent tous les autres bâtiments.
Quadrilatère plus ou moins régulier formé
par quatre galeries (le chiffre quatre symbolisant les quatre
évangiles, les quatre vertus cardinales, les quatre
éléments...), il enferme un jardin souvent agrémenté
de deux points d'eau : un puits et un lavabo (pour les ablutions).
Cloître
de Moissac (Tarn-et-Garonne)
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En effet, si l'hygiène
était parfois rudimentaire (peu de bains et de changements
de vêtements), les moines se lavaient plusieurs fois
par jour le visage et les mains. Le cloître est à
la fois un lieu de méditation et un lieu de passage.
Il occupe une place centrale et constitue une projection du
paradis sur terre.
Cloître
de Ripoll (Espagne, Catalogne)
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Le cloître
dessert la plupart des autres lieux de l'abbaye. Il s'adosse
à l'abbatiale, lieu capital par lequel débute
souvent la construction du monastère. L'espace dans
l'église est strictement cloisonné: les moines
s'installent sur leurs stalles dans le choeur, alors que les
convers, qui n'entrent pas par la même porte que les
moines, sont cantonnés au fond de la nef.
Choeur
de la Chaise-Dieu (Haute-Loire)
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Sur
les autres ailes du cloître, on trouve des bâtiments
ayant une fonction "intellectuelle" (salle capitulaire, salle
des moines/scriptorium, bibliothèque) et d'autres ayant
une fonction pratique (dortoir, réfectoire, cuisine,
cellier, chauffoir). |
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La salle capitulaire
est un lieu de décision. Les moines s'y réunissent
quotidiennement pour y discuter un chapitre de la règle de Saint Benoit, pour y avouer
leurs fautes ou pour y résoudre des problèmes
administratifs.
Salle
capitulaire d'Hambye (Manche)
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La salle des moines
sert fréemment de scriptorium : les moines y copient
des oeuvres religieuses.
Salle
des moines de Fontenay
(Côte-d'Or)
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Afin que l'encre
reste liquide et que les doigts ne s'engourdissent pas trop
pendant les rudes hivers, le chauffoir jouxte le scriptorium.
Exceptées la cuisine et l'infirmerie, c'est la seule
pièce chauffée du monastère.
Chauffoir
de Fontenay (Côte-d'Or)
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Pour des raisons
de commodité semblables, cuisine et réfectoire
(et également cellier) sont associés. Une ouverture
permet le passage des plats d'une salle à l'autre.
Réfectoire
de Royaumont
(Val-d'Oise)
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Le réfectoire
comprend généralement une chaire, souvent intégrée
au mur, d'où un moine lisait des textes sacrés
durant le repas qui devait être pris dans le silence
le plus strict. Les repas ne comportent ni viande, ni graisses,
sauf pour les malades.
Réfectoire
de Santa Maria de Huerta (Espagne)
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Toujours par souci
pratique, le dortoir communique avec le transept de l'abbatiale,
à laquelle il est donc perpendiculaire. De cette manière,
les moines, qui devaient se rendre à l'office huit
fois par jour (dans l'ordre: vigiles, laudes, prime, tierce,
sexte, none, vêpres, complies), dont plusieurs fois
la nuit, réduisaient le chemin à parcourir entre
leur lit et l'autel. Les dortoirs, initialement collectifs,
se sont parfois transformés en douillettes cellules
individuelles suite à des relâchements dans la
discipline.
Dortoir
de Fontenay (Côte-d'Or)
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L'ensemble des
bâtiments décrits ci-dessus est exclusivement
réservé aux moines. Un ensemble de bâtiments
à part (dortoir, réfectoire.. ) est réservé
aux convers.
Bâtiment
des convers à Hambye
(Manche)
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D'autres bâtiments
sont plus en contact avec l'extérieur : une hôtellerie
peut accueillir des pélerins. D'autres sont liés
à la vie économique du monastère : bâtiments
agricoles (étables, colombier ...), ou "industriels"
(forges, ...).
Forge
de Fontenay (Côte-d'Or)
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L'infirmerie se
situe généralement un peu à l'écart,
car la maladie est un rappel honteux du corps, et est considérée
comme la punition d'un pêché.
Infirmerie
d'Ourscamp
(Oise)
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Merci au site Architecture
Religieuse en Occident
pour l'intégralité du contenu de cette page.
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