Jusqu'à la Révolution,
ils étaient plutôt un signe de noblesse et en posséder un relevait
généralement d'un privilège. En effet, les pigeons se
nourrissent de semences. Mieux valait alors en limiter l'autorisation
d'élevage. Ceux qui ne possédaient pas ce droit se contentaient
d'élever leurs pigeons dans des volières (aussi appelées fayes ou fuies)
dont on ne trouve malheureusement plus trace de nos jours.
Ce genre d'ouvrage
était plus ou moins intégré aux habitations. Dans les fermes à cour
fermée, le pigeonnier constituait souvent un point d'appui au mur
d'enceinte. On peut parfois aussi le trouver en plein champ, mais jamais
très loin de l'exploitation. On a alors un pigeonnier dit "à tour isolée".
Seule sa partie supérieure était réservée aux pigeons mêmes. Les murs
intérieurs étaient creusés de trous de boulin où nichaient pigeons ou
colombes. Dans tous les cas, la toiture a un seul versant ou est
disposée en cascade. On a souvent une surélévation des murs au niveau du
toit. Le toit avance en saillie afin de prévenir l'intrusion de prédateurs
(rats, belettes...). De plus, l'orientation au sud permet d'abriter
les volatiles du vent et particulièrement du mistral, le vent du nord.
Parfois, le pigeonnier est intégré, comme nous l'avons dit plus haut,
aux habitations. Dans ce cas, sa présence est moins facilement repérable.
Seuls la grille d'entrée et la plage d'envol permettent d'en
identifier la construction. Mieux vaut alors avoir l'œil averti. Son
revêtement vernissé est aussi un élément permettant de le repérer.
Pourquoi
élevait-on des pigeons? Avant la Révolution, la noblesse prisait la
chair du pigeon (pâté de pigeon). Mais la nourriture qu'on en retirait
ne semble pas être la raison essentielle. On attendait plutôt de ce
volatile la production d'un engrais semblable au guano. Ses déjections
répandues dans les champs donnaient une meilleure rentabilité aux terres
agricoles. Ceci était particulièrement appréciable dans les régions
sans élevage.
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