BTS Tourisme AGTL - 2 AGTL - Patrimoine Artistique

De la Renaissance à la Révolution Industrielle
XVIe, XVIIe, XVIIIe, XIXe siècles

Comme pour tous les autres cours, il vous faut mémoriser les exemples (nom exact, région, siècle, apparence,
raison de l'exemplarité par rapport à telle époque ou tel style), mais il vous faut aussi acquérir d'AUTRES références
plus personnelles.
Un exemple personnel pour un exemple scolaire est un minimum.

Du point de vue du style, ce sont les acquis de la Renaissance (le vocabulaire architectural gréco-romain) donnant naissance au classicisme, qui dominent pendant ces quatre siècles. Les différents styles architecturaux qui se succèdent sont la réinterprétation toujours renouvelée, inlassable, donnée à ce vocabulaire architectural qui reste cependant toujours le même, car étant celui de l'Antiquité.

Il faudra attendre le romantisme pour que soit réhabilitée l'architecture médiévale (le gothique d'abord, le roman ensuite), puis le milieu du XIXe siècle et la révolution industrielle pour que s'amorce une architecture renouvellant réellement les formes : l'architecture des ingénieurs, qui va d'abord s'appliquer aux constructions utilitaires, puis aux fonctions nouvelles (ponts, halles, gares, grands magasins...). Cette architecture métallique, novatrice va structurer l'ossature de presque toutes les constructions nouvelles, mais ne modifiera pas l'apparence des formes architecturales symboliques de la propriété aristocratique ou financière, de l'état, de la culture.

XVIe siècle Renaissance

- Le château fort devient château de plaisance.
- Son plan devient géométrique, symétrique.
- Les ouvertures, nombreuses, sont régulièrement disposées.
- Apparition de cordons (horizontaux) et pilastres ou colonnes (verticaux) scandant régulièrement la façade.
- Les caractères défensifs (échauguettes, mâchicoulis...) sont factices et n'ont plus qu'un rôle symbolique.
- Début XVIe : hautes toitures ornées rappelant encore le style gothique, fin XVIe : toitures plus régulières.

 

Château de Chenonceau (Indre-et-loire)
Château d'Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire)

 

XVIIe siècle

Classicisme

C'est le style français par excellence

 

- Un corps de bâtiment central, avec avant-corps médian, et deux ailes en retour, plus ou moins prononcées. Chaque corps de bâtiment a sa toiture disctincte.
- L'ensemble détermine un c
orps de logis en U, parfaitement symétrique.- Apparition du côté cour et du côté jardin.
- Façade superposant les ordres antiques
- Façade rythmée par le jeu des colonnes, pilastres, entablements, niches et fenêtres...
- Clarté et harmonie des volumes, rigueur et ordre.

 

Château de Maisons-Laffitte (Yvelines), 1641, par François Mansart

Baroque

Il est né en Italie, de la Contre-Réforme. En France, à l'exclusion de la Savoie et du comté de Nice, il s'exprime peu.

Mouvement, torsion, théâtralité sont la marque du baroque. Différents avantars de ce style perdurent jusqu'au XIX e siècle.

Ici : allégories de la fatigue et de la force. Sculpture baroque car le thème est celui de la souffrance : la pierre est noueuse, tourmentée, brute, pleine de mouvement.

La fonction est non-religieuse, c'est l'esprit plastique qui est ici baroque.

Atlante : statue d'homme soutenant une corniche, un balcon...

Atlantes du portail de l'hôtel de ville de Toulon, par Pierre Puget, 1657

Eglise de Saint-Bruno-les-Chartreux, Lyon, XVII-XIXe siècles 2

 

XVIIIe siècle

Rocaille

 

Le rocaille est un style fantaisiste et aimable dont l'aristocratie aime à parer ses décors privés au XVIIIe siècle.

Le château tend à se simplifier :
- L'articulation des différents corps de bâtiment est adoucie par des pans coupés.
- Disparition des colonnes et pilastres, d'où une planéité plus grande.
- Cette simplicté nouvelle met en valeur les sculptures élégantes et asymétriques (rocaille) des cintres des fenêtres.

 

Hôtel Matignon (Paris), 1752
(façade sur parc)

ci-contre :Château d'Omonville (Eure), 1754

 

Néoclassicisme

C'est l'architecture qui sert la pensée moralement exigeante des philosophes du siècle des Lumières.

- Grande sobriété de la composition, peu de relief
- Elimination des arcs et des baies cintrées, au profit des angles droits
- Elimination de la fantaisie ornementale rocaille
- Toit-terrasse
- Le décor se borne à la mise en valeur des éléments structuraux (colonnes, entablement, balustrades)
- Impression d'austérité et de grandeur morale

 

Petit Trianon, Versailles (Yvelines), façade sur parc, Jacques-Anges Gabriel, 1763-1764

Façade sur cour

 

XIXe siècle

Historicisme

Architectures revisitant tous les styles de l'histoire : par exemple Néo-Gothique, Néo-Renaissance, Néo-Baroque... Cette tendance perdure jusque vers 1914.

Le XIXème siècle est le siècle de tous les styles, de tous les pastiches culturels.

Manoir Belgrano, Nice (Cimiez), 1911,Charles Dalmas.

C'est un pastiche de château de la Loire (pierre, brique, ardoise) et de la Renaissance

Eclectisme Architecture de représentation souhaitée par la bourgeoisie au pouvoir, l'eclectisme combine différents styles, y compris exotiques... Opéra de Paris, 1875, Charles Garnier
Architecture métallique Emerge enfin une architecture vraiment nouvelle, d'ingénieurs. Ils mettent en oeuvre les possibilités des nouveaux matériaux offerts par l'industrie : fonte ou fer, béton armé, verre... Néanmoins très souvent la structure, éminemment novatrice, est cachée sous un habillage de pierre faisant, encore, référence au passé, les matériaux nouveaux n'étant pas considérés comme assez nobles.

De nouvelles fonctions apparaissent : gares, grands magasins, usines...

Gare du Nord, Jacques Hittorff, 1863

Tour Eiffel (Gustave Eiffel), Paris, 1889

 

Un regard sur l'urbanisme : les Places Royales

XVIIe : la place des Vosges, Paris, 1605-1612

Architecte : Métezeau

Projet d'Henri IV de créer une place monumentale, bordée d'hôtels à l'architecture unifiée, sinon identique : façades revêtues d'enduit peint imitant la brique, pierres de taille blanches, hautes toitures d'ardoise à quatre pans percées de lucarnes, relevées de hautes souches de cheminée. Au rez-de-chaussée une galerie de circulation couverte de voûtes d'arêtes. En résulte un ensemble extraordinairement complet d'urbanisme et d'architecture début XVIIe, d'où émane ordre et grandeur. Une statue de Louis XII, érigée au centre, sert de point de mire aux différentes perspectives.

XVIIIe : la place Stanislas, Nancy, 1751-1755

Architecte : Emmanuel Héré


Construite en l'honneur du roi de France par Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne et beau-père de louis XV, qui reçut le Duché de Loraine en 1737. Entourée de six grilles monumentales en ferronnerie réhaussées de fuilles d'or. Au centre la statue en pied de Stanislas, à la place de celle de Louis XV qui y a trôné jusqu'à la Révolution. Différents pavillons se répartissent atour de la place. Bien plus qu'une simple Place Royale, elle est en fait au centre d'un plan d'urbanisme unique en Europe regroupant les plus grandes institutions de l'époque tout en faisant l'union entre la Vieille Ville (médiévale) et la Ville Neuve (transition XVIe-XVIIe siècles).

 

Un peu de vocabulaire... quelques termes savoureux, à connaître et à savoir employer :

Les dépendances

Ensemble des bâtiments qui dépendent d'une construction en général, maison, hôtel particulier, château ou autre.

Sur la photo à droite, une des dépendances d'un château : les encadrements à refends, la haute toiture complexe et assez élégante signent l'appartenance au château. Mais la simple porte de bois pleine révèle la fonction de la construction : subalterne. Ce petit batiment, malgré sa fonction, ne dépare pas au milieu du parc.

Les communs

Dépendances d'un château (pavillon d'entrée, écurie, ferme...). Ils peuvent être reliés à celui-ci (continuité spatiale, aile en retour) ou situés à quelque distance ; ils sont en général non visibles du château.

A droite en haut : château d'époque Louis XIII dans la région de Chartres

A droite en bas : communs de ce même château, bâtis à la même époque. Il s'agit d'une ferme, dont les bâtiments sont régis par une symétrie et un soin dans les matériaux et les détails qui leur confèrent un air de noblesse.
C'est la ferme du château, et une certaine grandeur doit se percevoir.


Un hôtel particulier

Maison de ville occupée dans sa totalité par un riche particulier. Un hôtel particulier de quelque importance est en général précédé d'un mur avec porte cochère, d'une cour avec ailes en retour, et suivi d'un jardin.

A droite : Hôtel Matignon, Paris, 1752, par Jean Courtonne - façade sur le parc

Un pavillon de chasse

Construction isolée en milieu giboyeux (= riche en gibier), de petite taille proportionellement aux autres biens du propriétaire. La taille et la magnificence en sont donc fort variables. Le château de Versailles résulte des agrandissements successifs de ce qui était au départ un pavillon de chasse de Louis XIII.

Un pavillon (pavilion en anglais) viendrait du vieux français paveillun (XIIe siècle), et du latin papilio (papillon). On désignait ainsi la tente du seigneur en campagne. L'analogie avec l'insecte viendrait de l'aspect somptueux des tentes médiévales. D'où la notion d'une structure légère mais plaisante érigée sur un espace ouvert et à vocation secondaire.

Sorte de tente militaire (attesté 1606), de plan carré, polygonal ou rond, terminée en pointe au dessus, portée par un mât (ou arbre) central. Le terme évolue en bâtiment de cette forme (attesté 1694), très fenestré et de petite dimension en général.
Par ex: pavillon de chasse

Une fabrique

Petite construction décorative de fantaisie. Par exemple un petit temple dans un parc, ou une fausse ruine romantique...

Un exemple de fabrique : belvédère dans le parc du Petit Trianon à Versailles.

Un castel, un castelet, un châtelet

Petits châteaux. Castellet d'entrée : pavillon d'entrée d'un château, gardant l'accès à celui-ci, et qui se présente lui-même comme un petit château, souvent avec un passage monumental ressemblant à une porte de ville, surmonté d'une ou deux tours.

En haut à droite : château milieu XVIIe dans le Hainaut

En bas à droite : castelet d'entrée du même château, même époque

Un manoir, une gentilhommière

Petits châteaux campagnards, la gentilhommière étant étymologiquement celui d'un gentilhomme, c'est-à-dire d'un homme de petite noblesse. Les deux mots sont synonymes, leur emploi dépend simplement de l'usage local..

En haut à droite : un manoir en Bretagne

En bas à droite : une gentilhommière à Rocamadour (Lot)



Un château de plaisance

A partir de la fin du XVe, XVIe siècles : château conçu ou remanié pour le séjour d'agrément, par opposition au château fort, plus ancien et conçu pour se protéger.

A droite : château de plaisance, XVIe, de Sandocurt (Vosges)

Une maison de plaisance Au XVIIe et XVIIIe siècles : maison où l'on fixait des rendez-vous intimes.
Une folie

Le mot folie désignait au XVIIIe siècle une maison d'usage privé, discrètement placée dans les faubourgs (originellement : cachée dans les feuillages, du latin folia la feuille), maison de plaisance et de divertissement. Seuls quelques riches aristocrates ou financiers, voire actrices pouvaient se payer ce luxe de faire construire, en un minimum de temps, une folie. Certianes étaient très raffinées, rassemblant de nombreuses pièces plutpot petites (la plus connue étant la folie de Bagatelle), avec des jardins de caractère pré-romantique, soucieux de respecter le désordre naturel dans une composition très soignée.D'autres pouvaient être très éphémères, comme les folies de versailles, que Marie-Antoinette faisait construire puis démolir pour les fêtes qu'elle donnait. Intimité et raffinement étaient donc les caractères essentiels de ces folies.

Folie de Bagatelle, entre Paris et Neuilly.

Une ruine, ou fausse ruine

Au XIXe siècle dans un parc privé : composition décorative propice à la rêverie romantique

Fausse ruine (de temple antique factice) dans le parc de Valrose (Faculté des Sciences), Nice.

BTS Tourisme AGTL - 2 AGTL - Patrimoine Artistique