Cagnes-sur-Mer
Les Hauts-de-Cagnes,
le château

C'est un cas, exemplaire dans la région, de château médiéval (à fonction défensive, par définition) réaménagé aux Temps Modernes en demeure plus raffinée. Sa robuste silhouette défensive contraste avec son espace intérieur ouvert à la lumière et aux références antiques.
Initialement fortin féodal destiné à la seule défense, reconstruit au XIVème siècle lorsque le fief de Cagnes passe aux mains des Grimaldi de Monaco, il restera longtemps inhabité avant de connaître, au XVIIème siècle, un remaniement et une décoration intérieure à la mode Renaissance/baroque.

Le patio

Il fait partie des réaménagements d'époque Louis XIII, contribuant à faire de ce bâtiment défensif une demeure de plaisance.

Les photographies ci-dessous s'efforcent de reconstituer l' élévation des trois niveaux du patio. Elles se lisent donc de bas en haut.
N.B. Dans la réalité les colonnes des différents étages sont à l'aplomb exact les unes des autres.

Par souci de logique, l'analyse architecturale, tout comme le commentaire touristique, commenceront en général par le niveau 1.

niveau 3:
L'ordonnance en est régie par un ordre dorique plus élancé. Les balustres sont en double poire, parachevant ainsi un crescendo ornemental (absence, et pour cause, de balustrade au rez-de-chaussée, balustres en poire simple au deuxième niveau, balustres en double poire au second) qui contribue à la nature discrètement baroque de ce patio.
Celui-ci est une véritable place intérieure, plantée d'un faux poivrier et a la forme d'un trapèze irrégulier. Les galeries superposées ne s'ouvrent que sur les deux plus grands côtés.
Les créneaux et mâchicoulis d'origine ayant été détruits en 1790-1791, ceux que l'on aperçoit et les faux mâchicoulis du donjon, qui domine le château en son angle nord-est; les créneaux ayant été détruits à la Révolution

blabla
niveau 2:
Comme celles des autres niveaux, les deux galeries sont à angle aigu, et leurs voûtes d'arêtes sont rehaussées d'ornements en trompe-l'-oeil.
Les colonnes, de marbre cette fois, s'apparentent à un ordre dorique étranglé au dessus de la base. L'escalier d'honneur s'arrête à ce niveau, l'étage supérieur étant desservi par un escalier intérieur. Ce niveau est le seul où la balustrade court sur les quatre côtés du patio (la balustrade au tout premier plan à droite de la photo 4 longe un mur extérieur du château, où sont percées les grandes fenêtres visibles sur le document).
niveau 1, ou rez-de-chaussée:
L'essentiel de ce niveau (les sommaires colonnes, les arcades surbaissées et au-delà, les salles vôutées) date du XIVème siècle. Le sol est pavé en calade.
L'escalier d'honneur qui se développe sur deux volées, par contre, est contemporain des réaménagements du XVIIème siècle, destinés à transformer cette place forte en demeure de plaisance.
Ce patio, sur lequel s'ouvrent trois niveaux de galeries, est marqué par une influence tardive de la Renaissance.

Outre l'agrément du puits de lumière, la répétition des courbes dans les directions horizontale et verticale et dans deux plans différents de l'espace accentue l'élégance de ce patio. La multiplication de ces jours découpés dans les parois (les arcades et les espaces entre les balustres) rend plus interessante cette frontière entre dedans (les pièces du château) et dehors (cet espace à ciel ouvert) . Par les surprises visuelles qu'il engendre, l'espace devient ici particulièrement sulptural, plastique. "Dessinant un espace triangulaire extrêmement restreint, les trois séries de loggias superposées réalisent un véritable tour de force architectural par la négation des contraintes du site, négation engendrée par le pliage à angle vif des galeries divergentes, pliure soulignée par la superposition des colonnes le long de l'arête entre les deux ailes des galeries."
(Dominique Foussard et Georges Barbier, Baroque niçois et monégasque, Picard, 1988).

A l'angle des deux galeries du second niveau on accède à un oratoire orné de gypseries et de statues de saints en bois doré.

On observera bien sûr que le réaménagement de cette demeure reste sous influence beaucoup plus italienne que française. En particulier, il ne s'apparente pas à la sévère sobriété du style Louis XIII, dont il est pourtant contemporain.

Depuis 1946, les salles basses du XIV ème siècle accueillent le musée ethnographique de l'olivier depuis 1946. Les salles des deux niveaux supérieurs accueillent des expositions temporaires d'art contemporain. Le château sert également de cadre au Festival international de la peinture, placé sous l'égide de l'Unesco.


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